Mendiants nigériens au Sénégal: près d’un millier de personnes rapatriés de Dakar
Plusieurs centaines de Nigériens qui mendiaient dans les rues de Dakar, ont été rapatriés par avion au Niger. À son bord, près de 600 personnes, dont de nombreux enfants. Cette mesure intervient après la diffusion d’un reportage montrant les conditions de vie de ces personnes sur une chaîne de la télévision sénégalaise largement diffusé sur les réseaux sociaux.
Les images ont inondé les réseaux sociaux. Vendredi en fin d’après-midi, des centaines de ressortissants nigériens ont embarqué à bord d’un avion spécialement affrété par le gouvernement nigérien pour les rapatrier au Niger. Quelques 530 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont pris place dans le premier vol et un second vol qui va ramener plus de 400 personnes est prévu pour la journée de ce samedi.
Le premier vol de la compagnie Max Air qui ramenait le premier contingent des ressortissants nigériens a atterri aux environs de 2h dans la nuit du vendredi au samedi à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey. Ils ont été accueillis par le ministre de l’Intérieur Hamadou Souley et plusieurs officiels et des bus seront pas la suite affrétés pour les acheminés dans leurs communautés respectives.
Cette opération de rapatriement est l’une des mesures urgentes prises par le gouvernement suite au scandale des « centaines de mendiants nigériens qui ont envahi les rues de Dakar », publiés par des médias sénégalais la semaine dernière et qui ont provoqué une vive émotion au Niger et au delà. Le gouvernement a alors décidé de prendre les mesures nécessaires pour ramener ses ressortissants qui s’adonnent à cette pratique au Niger mais aussi dans d’autres pays voisins. En milieu de la semaine, un comité interministériel a été mis en place sous l’égide du Premier ministre qui, à l’occasion, a déploré les opérations de refoulement de migrants nigériens par certains pays sans respect de leur dignité et du droit humanitaire international. Le chef du gouvernement Ouhoumoudou Mahamadou n’a pas cité le nom d’aucun pays mais depuis une semaine, près d’un millier de nigériens ont été refoulés d’Algérie et acheminés à la frontière où ils attendent depuis d’être pris en charge. Au Bénin aussi, les autorités ont procédé à la même opération qui concerne également des ressortissants nigériens refoulés à la frontière.
Pour le cas spécifique du Sénégal que le gouvernement a qualifié de « trafic illicite de migrants et de la traite de personnes organisées par des groupes criminels en direction de certains pays voisins et même au-delà », les ressortissants nigériens ont été depuis quelques jours regroupés sur un site où ils ont été pris en charge avant leur retour au pays. Une sorte de « cacher moi cette misère que je ne saurais voir » bien que le phénomène ne date pas d’aujourd’hui et ne concerne pas que le Sénégal.
Au delà de l’émotion et des mesures annoncées par le gouvernement, ce dernier scandale en date pourrait être la goutte qui a fait déborder le vase et qui nécessite donc que de vrais actes soient posés pour endiguer ce fléau qui terni l’image du pays. Ce n’est, en effet, pas la première fois que de tels scandales éclatent mais à chaque, c’est le retour à la case départ une fois l’émotion passée. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui encore, beaucoup de questions restent en suspens sur cette problématique qui refait régulièrement surface au devant de l’actualité nationale.
Les images assez dégradantes et affligeantes pour la dignité humaine des hordes de mendiants nigériens qui ont envahi les rues de Dakar a certes raviver l’émoi au sein de l’opinion et provoqué, une fois de plus, une onde de choc. Mais en Algérie, en Lybie ou en Côte d’ivoire, c’est la même chose et on se rappelle encore du scandale provoqué par le refoulement, il y a quelques années, de centaines de migrants, pour la plupart du département de Kantché, dans la région de Zinder, et de toute l’onde de choc que cela a provoqué. Des mesures ont été annoncées par le gouvernement, des forums et ateliers organisés, des campagnes de sensibilisation menées et des lois adoptées. le tout avec l’appui surtout financier des partenaires qui a été mis à contribution. Comment se fait-il alors que malgré ces mesures, le fléau persiste et prend même plus de l’ampleur? Comment ces enfants et ces femmes ont pu quitter le pays pour se rendre dans ces pays où le voyage coute une fortune? Qui est responsable? Que faudrait-il faire alors… Autant de questions aux réponses multiples qui prouvent qu’il faudrait vraiment prendre une fois pour toute le taureau par les cornes afin de pouvoir venir à bout de ce fléau et dissiper cette image qui écorne désormais notre pays, celle « d’exportateurs de miséreux mendiants »!