« Refondation ou Disparition : Guy Marius Sagna Exige une Réforme Profonde de la CEDEAO Devant le Parlement »

Lors d’une récente intervention devant le Parlement de la CEDEAO, Guy Marius Sagna a vivement critiqué l’état actuel de l’organisation, appelant à une refondation urgente pour éviter sa disparition.

Madame la Présidente, Monsieur le Président de la Commission, et chers collègues, Sagna a commencé par souligner les difficultés communes à tous les pays membres de la CEDEAO : problèmes de santé, incapacité à nourrir la population, difficultés scolaires et défis sécuritaires, même dans les pays soutenus par des forces étrangères comme les États-Unis et la France. Il a exprimé son désarroi face à l’absence de réponses concrètes dans les rapports présentés, soulignant que le rapport de plus de 80 pages de la Commission avait été reçu moins de 24 heures avant la session parlementaire, laissant peu de temps aux députés pour l’examiner et y répondre efficacement.

Sagna a également critiqué la gestion financière de la CEDEAO, questionnant la provenance des 15% du budget non couverts par les prélèvements communautaires, qui financent 85% du budget total. Il a rappelé que la CEDEAO approche de ses 50 ans, marqués par le retrait de trois de ses membres, et a déploré l’absence d’un discours mobilisateur et transformateur.

Il a accusé la CEDEAO de pousser ses membres à des politiques économiques néfastes, comme les accords de partenariat économique avec l’Union européenne, qui ouvrent les marchés ouest-africains à 85% des marchandises européennes sans droits de douane, aggravant le chômage et la mortalité des petites et moyennes entreprises locales. Il a lié ces politiques à l’exode massif des jeunes Africains vers l’Europe, soulignant le taux alarmant de mortalité des PME au Sénégal.

En matière de sécurité, Sagna a fustigé la CEDEAO pour son incapacité à aider des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger à faire face aux menaces sécuritaires, critiquant l’accueil des bases militaires étrangères et des armées d’occupation.

Pour Sagna, la CEDEAO doit impérativement se transformer en une organisation des peuples plutôt que des chefs d’État, en adoptant des changements structurels profonds pour devenir réellement attrayante et efficace. Sans cette refondation, il prédit que l’organisation continuera de perdre sa pertinence et son soutien, notamment parmi les jeunes Africains de l’Ouest qui rejettent de plus en plus cette institution.