Nigeria : une première usine flottante de gaz naturel liquéfié

 

Le Nigeria, géant pétrolier africain, franchit une étape cruciale dans le développement de son industrie gazière. Le régulateur pétrolier national NUPRC vient d’accorder à UTM Offshore Limited, une entreprise nigériane, la première licence pour l’exploitation d’une usine flottante de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette décision marque un tournant dans la stratégie énergétique du pays, visant à maximiser l’utilisation de ses vastes ressources naturelles.

 

L’installation, dont la capacité a été revue à la hausse pour atteindre 2,8 millions de tonnes par an, puisera dans le champ pétrolier d’ExxonMobil situé dans le delta du Niger. Ce projet ambitieux reflète la demande croissante de GNL sur le marché mondial. Selon Julius Rone, PDG d’UTM Offshore, les travaux d’ingénierie devraient s’achever en 2028, permettant le démarrage de la production au premier trimestre 2029.

 

La répartition de la production prévoit l’approvisionnement du marché intérieur à hauteur de 500 000 tonnes de gaz de pétrole, tandis que le gaz naturel sera destiné à l’exportation. Ce projet bénéficie d’un soutien financier conséquent de la part d’Afreximbank, qui a déjà engagé 2,1 milliards de dollars pour la première phase de construction et promet 3 milliards supplémentaires pour la seconde.

 

 

Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large observé sur le continent africain, où de nombreux pays cherchent à développer leurs ressources gazières de manière autonome. Le Nigeria, avec ses réserves estimées à plus de 209 000 milliards de pieds cubes de gaz, se positionne comme un acteur majeur de cette transition. Cependant, le pays fait face à des défis considérables, notamment la perte annuelle de plus d’un milliard de dollars due au torchage du gaz.

 

Paradoxalement, malgré son statut de producteur pétrolier majeur, le Nigeria est confronté à une pénurie chronique de carburant. Cette situation s’explique par l’état vétuste des principales raffineries du pays et une gestion déficiente, obligeant le Nigeria à importer une grande partie de sa consommation locale de carburant.

 

Le contexte social et économique dans lequel s’inscrit ce projet est tendu. Le pays traverse une crise économique profonde, marquée par une inflation galopante et une hausse vertigineuse du coût de la vie. L’annonce récente d’une nouvelle augmentation du prix de l’essence à la pompe par la Compagnie pétrolière nationale du Nigeria a exacerbé la colère populaire. Cette décision intervient dans le sillage de réformes gouvernementales controversées, notamment la suspension des subventions aux carburants, qui ont déclenché des manifestations de masse en août dernier.

 

Les syndicats et une grande partie de la population demandent au président de revenir sur certaines de ces mesures, jugées trop dures pour une population déjà éprouvée. La mise en service de cette nouvelle usine flottante de GNL pourrait, à terme, contribuer à atténuer la crise énergétique du pays. Cependant, le défi reste entier pour le gouvernement nigérian : équilibrer les impératifs de développement économique et les besoins immédiats de sa population.

 

Ainsi, le projet d’usine flottante de GNL représente à la fois une opportunité et un défi pour le Nigeria. Il symbolise les ambitions du pays en matière d’exploitation de ses ressources naturelles, tout en mettant en lumière les tensions socio-économiques auxquelles il doit faire face. L’avenir dira si cette initiative permettra au Nigeria de surmonter ses difficultés énergétiques et de s’imposer comme un acteur incontournable sur le marché mondial du GNL.

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