Poésie: « Le pire silence de tous les silences »
Pourtant tu sais que tu pues partout l’inélégance,
Mais tu t’obstines tout de même à parler pour déranger le
silence!
Un silence où certains qui accéléraient fièrement hier la
cadence,
Dans tous les sens, sont en train aujourd’hui de se perdre
dans une terrible décadence.
Un silence dans un pays où les uns tiennent gravement leurs
armes de défense,
Et les autres s’asseyent misérablement mais dignement sur
leurs armes de pitance.
Un silence où chez certains, sent une agréable odeur
embaumante d’encens, et vivant dans une quiétude et dans
une insolente aisance,
Et chez d’autres, l’on peine même à respirer à cause d’une
nauséabonde odeur fétide de pestilence
Et où l’on se demande en permanence comment assurer la
quotidienne dépense!
Et pourtant, comme le stipule Fatou Diome: « Tout le
monde a la responsabilité d’assumer son existence, même si
on n’a pas les mêmes chances »,
Alors l’attitude la plus sage serait de se dire en toute
circonstance: « Je pense d’abord avant de penser à me remplir
la panse ».
Un silence encore dans un monde à l’envers où ceux qui
ouvrent le plus les yeux sont les aveugles de naissance,
Et ceux qui les ferment le plus sont ceux ayant des yeux
pareils à des globes et plus clairs que des urnes de
transparence!
Ce silence qui devait être un silence de résistance ou de
résilience, serait-il finalement devenu un silence d’ignorance
ou d’insouciance?
Car après tant d’années d’errance, au moment où des
peuples entiers cherchent à vivre réellement sous les soleils
des « vraies » indépendances,
En se défaisant de leurs anciens bourreaux qui n’ont causé
que leur perte, leur désillusion et leur terrible déchéance,
D’autres comme les nôtres cherchent encore et encore de
« nouveaux maîtres » pour d’insouciantes nouvelles
dépendances!
Un si long silence qui en dit long de par son caractère si
immense que même le Bon Dieu dans son infinie
omnipotence et dans sa miséricorde clémence,
Semble croiser les bras pour nous laisser lutter seuls avec
notre piteuse et affreuse impuissance.
Notre omniprésence dans le mal, dans l’interdit, dans les
« thiaaxaaneries », dans le « je m’en foutisme », dans une inouïe
violence et incompréhensible insolence,
Notre abâtardissement dans la corruption, dans la calomnie,
dans la méchanceté, dans le désordre, dans la fornication,
dans la trahison, dans l’orgueil, dans le mal, dans la
suspicion, dans le dénigrement, dans les faux témoignages,
dans le blasphème, dans le mensonge éhonté et dans la médisance,
Font que non seulement nous nous regardons maintenant
en chiens de faïence,
Mais aussi nous nous complaisons à être pour cette nouvelle
racaille de gouvernants, leur boîte de résonance,
Et encore et surtout nous confirmons effroyablement que
dans notre pays, des gens aussi ignorants et aussi
malhonnêtes aient autant d’influence et récoltent autant
d’affluence!
Quand dans un pays le mensonge devient une évidence, et
que la vérité devient vide de sens, c’est là le début de toutes
les indécences…
MYSTIC