Le 15 août 2024 : Une commémoration du débarquement de Provence sous le signe des tensions franco-africaines

Ce 15 août 2024, la France a commémoré le 80e anniversaire du débarquement de Provence, une étape cruciale dans la libération du pays lors de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, cette cérémonie, présidée par le président Emmanuel Macron, a été marquée par plusieurs éléments qui reflètent les défis actuels auxquels fait face la France, tant sur le plan national qu’international.

Une cérémonie réduite par les intempéries

La météo capricieuse a contraint l’Élysée à annuler une partie des commémorations prévues. L’accueil des chefs d’État et de gouvernement à bord d’un porte-hélicoptères ainsi que l’évocation historique du débarquement à Toulon ont dû être abandonnés. Malgré ces contretemps, le président Macron a tenu à prononcer un discours à la nécropole de Boulouris à Saint-Raphaël, dans le Var.

Une présence africaine en demi-teinte

L’un des aspects les plus frappants de cette commémoration a été la faible participation des dirigeants africains. Alors que les précédentes cérémonies d’importance voyaient la présence de plus d’une quinzaine de chefs d’État africains, seuls six ont fait le déplacement cette année : Paul Biya du Cameroun, Faure Gnassingbé du Togo, Faustin-Archange Touadéra de Centrafrique, Azali Assoumani des Comores, Brice Oligui Nguema du Gabon, et le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch.

Cette faible participation témoigne des relations tendues entre la France et certains de ses partenaires africains. Des pays comme le Niger, le Mali et l’Algérie, avec lesquels les relations se sont détériorées, n’ont pas envoyé de représentants. D’autres, comme la Tunisie, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, se sont contentés d’envoyer un ministre, tandis que le Tchad et le Bénin ont dépêché leur ambassadeur.

Un hommage aux troupes africaines

Dans son discours, Emmanuel Macron a multiplié les remerciements envers les troupes africaines qui ont participé au débarquement de Provence. Il a souligné la diversité et la ferveur de cette « armée la plus bigarrée », rappelant que ces soldats, malgré leurs différences de génération et de confession, formaient une partie intégrante de l’armée de la Nation.

Le président camerounais Paul Biya, prenant la parole au nom des chefs d’État étrangers, a également rendu hommage aux combattants africains, les qualifiant d' »héritiers de traditions guerrières immémoriales, admirables de courage, d’audace et de loyauté ».

Entre patriotisme et repentance

Le discours d’Emmanuel Macron a révélé un exercice d’équilibriste entre patriotisme et repentance. D’un côté, il a réaffirmé son intention de travailler à la reconnaissance de tous les soldats africains ayant combattu aux côtés de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. De l’autre, il a évoqué la nécessité de reconnaître les soldats africains tués par l’armée française au camp Thiaroye, près de Dakar.

Cependant, le président français est resté silencieux sur les demandes croissantes de réparations formulées par certains pays africains, un sujet qui avait pourtant fait l’objet d’un partenariat en mai 2024.

Un contexte politique délicat

Cette commémoration s’inscrit dans un contexte politique difficile pour Emmanuel Macron. Ayant perdu sa majorité parlementaire et n’ayant toujours pas nommé de Premier ministre, le président tente de reprendre la main à travers ces tournées commémoratives. En juin dernier, il avait déjà utilisé cette stratégie avant les élections européennes, en médiatisant sa tournée pour le débarquement de Normandie.

Ces commémorations permettent au président de se positionner sur la scène internationale, comme en témoigne la non-invitation de la Russie aux cérémonies du débarquement de Normandie, malgré son rôle déterminant lors de la Seconde Guerre mondiale.

En conclusion, cette cérémonie du 80e anniversaire du débarquement de Provence, bien que réduite par les intempéries, a mis en lumière les défis auxquels fait face la France dans ses relations avec l’Afrique. Elle souligne également les difficultés d’Emmanuel Macron à naviguer entre les enjeux mémoriels, diplomatiques et politiques, dans un contexte national et international de plus en plus complexe.

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