Orano Perd son Permis d’Exploitation du Gisement d’Uranium d’Imouraren au Niger
Le 20 juin, le groupe français Orano, anciennement connu sous le nom d’Areva, a annoncé une nouvelle qui a secoué le secteur de l’énergie : le Niger a retiré son permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren. Ce retrait marque une étape décisive dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement militaire nigérien et la France, avec le Niger exprimant à plusieurs reprises son désir de revoir les modalités d’exploitation de ses ressources naturelles par des entreprises étrangères.
Contexte et Réactions Françaises
Le ministère français de l’Économie a tenté de rassurer, affirmant que cette décision ne menaçait pas la sécurité d’approvisionnement de la France en uranium. Cela malgré l’importance stratégique indéniable du gisement d’Imouraren, l’un des plus vastes au monde avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.
L’exploitation du gisement d’Imouraren aurait dû débuter en 2015. Cependant, la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 avait provoqué une chute des prix de l’uranium, forçant Orano à suspendre ses opérations. Le Niger avait donné à Orano jusqu’au 19 juin pour entamer des travaux d’exploitation. Selon l’entreprise, les infrastructures étaient rouvertes depuis le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes de construction et relancer les travaux.
Orano Réagit et Garde Espoir
Orano a déclaré prendre acte de la décision des autorités nigériennes tout en exprimant son intention de maintenir le dialogue ouvert avec ces dernières. L’entreprise n’exclut pas de contester ce retrait de permis devant les juridictions compétentes, nationales ou internationales.
Un Arrêt Long et Coûteux
Le gisement d’Imouraren, situé au nord d’Agadez en plein désert, était à l’arrêt depuis plus d’une décennie en raison de sa non-rentabilité. Les autorités nigériennes avaient exigé la reprise des travaux pour remettre le site en activité. Dans une note d’information publiée le 7 juin, le ministère nigérien des Mines avait averti qu’il retirerait le permis si Orano ne lançait pas les travaux d’exploitation avant le 19 juin.
Le permis, initialement accordé en 2009, stipulait que les travaux devaient commencer au plus tard en 2011 pour atteindre une production annuelle de cinq mille tonnes d’uranium. Cependant, la baisse des prix de l’uranium avait conduit Orano à demander un report de trois ans, jusqu’en mars 2017, pour débuter l’exploitation. Cet engagement n’a pas été respecté, selon les autorités nigériennes.
Un Gisement Crucial pour le Niger
Le site d’Imouraren est crucial pour l’industrie uranifère du Niger, situé dans une région riche en uranium. L’exploitation de l’uranium nigérien a commencé en 1970. Par l’intermédiaire de ses filiales, la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK) et la Société minière de l’Aïr (SOMAÏR), la société française Areva avait détenu le monopole de l’exploitation jusqu’au début des années 2010. C’est alors que le Niger a commencé à diversifier ses partenaires.
Des Relations Bilatérales Détériorées
Les relations entre le Niger et la France se sont sérieusement détériorées depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, lorsque les militaires ont pris le pouvoir, mettant fin au mandat du président élu Mohamed Bazoum. Cette situation politique tendue a sans doute influencé la décision de retirer le permis à Orano, alors que le Niger cherche à reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et à diversifier ses partenaires économiques.
En conclusion, la perte du permis d’exploitation du gisement d’Imouraren par Orano est une nouvelle étape dans le réajustement des relations économiques et politiques entre le Niger et la France. L’avenir de l’exploitation de ce gisement reste incertain, tout comme les répercussions de cette décision sur le marché mondial de l’uranium et sur les relations bilatérales entre les deux pays.