LA SAGA D’UN BAOBAB DU FOOTBALL : CHEIKH MOUSSA KAMARA DIT BIG BOY DU TERRAIN AU BANC DE TOUCHE

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On ne peut que parler de baobab, s’il s’agit de qualifier la stature de Cheikh Moussa KAMARA dans les méandres du sport- roi. Big boy, de son surnom, un épithète contrastant avec la taille de cet ancien international de football, – 1, 68 m – qui rappelle, celle d’un Jean Christophe SAGNA, d’un Idrissa Gana GUEYE, d’un Lionel MESSI, mais surtout de cet autre génie du football argentin, icône de l’abiceleste, vainqueur de la Coupe du monde de football de l’année 1978 ; je parle de Osvaldo ARDILES, l’ excellent milieu de terrain défensif, qui arborait le numéro 2, évoluant au même poste que lui. Oui, me parait – il légitime d’utiliser la formule « Du terrain au banc de touche » dès lors qu’en sus de l’excellent footballeur qu’il a été, l’homme a occupé le banc de touche depuis plusieurs décennies et à différents niveaux.

Du terrain de Castors, où, il a fait les beaux jours du mouvement navetanes, via la grande équipe du Walidane de Derklé au milieu des années 70, aux côtés d’illustres futurs internationaux comme lui, Djiby NDIAYE de la Jeanne d’Arc, Abdoulaye TOUNKARA dit Mabuse du Diaraaf de Dakar, aux différents stades français, en passant par l’historique stade Demba DIOP, qui l’a révélé au grand public, Big boy a fait parler son talent de virtuose du ballon.

Les puristes qui ont suivi le segment temporel de la vie de notre football peuvent en témoigner. Je voudrais me faire l’honneur de parler de cet acteur du football au talent immense, qui a égayé les années de môme de ma génération et de tant d’autres, tout d’abord au terrain de Castors, qui, jadis, a vu éclore une flopée de talents voire moult internationaux, issus de tous les quartiers qui l’environnent : SICAP, Castors, Derklé, Khar Yalla et j’en passe.

Je voudrais, aussi, expliquer le mobile de ce texte. Tout militant de football que je suis, depuis ma tendre enfance, j’ai revu l’homme l’après – midi d’un samedi de l’année 2023, alors que j’étais parti au Centre de Diambars, en vue de faire tester une pépite du ballon, âgée de 8 ans, par un entraineur dudit centre. C’est là que j’ai revu cet ancien footballeur, en survêtement, directeur technique de cet antre du sport.

Me paraissant aussi jeune qu’auparavant, j’en fus émerveillé au regard de la courtoisie et de la discipline, ses attributs, qui font penser à un disciple interné dans un centre d’apprentissage de sciences religieuses ; mais ici, de football. Big est de cette caste de joueurs brillants et à l’école et sur le terrain, après avoir éclaboussé le Mouvement Navétanes, il intègre, à l’âge de vingt ans, la grande équipe du Diaraaf, truffée de grands joueurs, son tremplin pour l’équipe nationale.

Ayant joué plusieurs matchs dans le championnat national, il devient le plus jeune entraineur de l’équipe séniors de Derklé, parce qu’ayant dépassé le nombre de matchs limites de championnat national, interdisant de prendre part dans le championnat national populaire.

C’est ainsi que l’étudiant en droit, se fit très rapidement distinguer au milieu de terrain du Diaraaf et de l’équipe nationale, du fait de sa classe, de sa technique individuelle supérieure à la moyenne, articulée à une intelligence éblouissante mais aussi et surtout une combativité et une générosité dans l’effort, qui rappellent le jeu d’un certain Ngollo KANTÉ, cet autre international français. Un footballeur impressionnant par son sens de l’occupation de l’espace de jeu, qui fait penser à un sportif titulaire de quatre poumons, aussi fort dans la récupération que dans la distribution de la balle. Je parle de ce genre de joueurs que tout entraineur aimerait avoir dans son équipe ; je dis ce joueur doté d’attributs aussi défensifs qu’offensifs.

Discipliné, taciturne, partagé entre timidité et humilité, mais fort dans la mise en œuvre, c’est-à-dire l’action, Big est le prototype de la personne affichant le profil bas, par nature, mais écouté, choisi et honoré si peu qu’il s’exprime par la parole ou par le jeu.

C’est dire qu’il est l’incarnation même de la marque des grands hommes. Utile au collectif, utile à sa communauté, généreux dans son savoir mais aussi par le don de soi, car, l’homme donne tout aux autres. En d’autres termes, sa manière de jouer n’est que le reflet de sa vie. Une évidence quand on interroge ceux qui l’ont pratiqué. Comme tout jeune footballeur de son temps, il allie le championnat national populaire au championnat de football scolaire et universitaire ou UASSU. Pensionnaire de l’équipe du lycée technique Maurice Delafosse, il devient, en 1973, champion du Sénégal, aux côtés de l’extraterrestre Mbaye FALL, un footballeur hors du commun, surnommé plus tard l’imam du stade Demba DIOP.

International dans cette discipline, il se distingua à la Coupe du monde scolaire et universitaire qui s’est déroulée à Montévidéo, en Urugay, en 1974 ; aux côtés de joueurs qui ont noms : Joseph KOTO, Lamine NDIAYE, Malick NDOYE… Le Sénégal fut éliminé en quarts de finale, aux penaltys, par la Corée championne du monde. On s’en rappelle avec joie en dépit de l’usure du temps. C’est la- bas que Big obtient son premier contrat professionnel en Urugay qu’il déclina.

Une offre du Penarol Big a fait partie de cette mythique équipe du Diaraaf de Dakar qu’il intègre déjà en juniors à l’âge de 17 ans, qui joua le championnat national de football sans défaite et devint, consécutivement, trois fois championne du Sénégal, avec à la clé, une Coupe du Sénégal. Une équipe de rêve. C’est pour dire qu’entre 1975 et 1977, l’équipe dakaroise est deux fois quart de finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs champions, d’abord contre le Hafia football club de Guinée puis contre le Hearts of Oaks du Ghana.

Dans le même sillage, durant la même année 1974 – 1975, il est élu, meilleur jeune joueur du championnat national du Sénégal et révélation de l’année. De 1978 à 1992, Big fait les beaux jours de nombreux clubs dans l’Hexagone. En deuxième et en troisième divisions, il évolue sous les couleurs de Amiens, de Melun et Baune. En district, en division Honneur, il est joueur et entraineur à E.S Nanguis. Vainqueur de la coupe Seine et Marne district 77). Big a, entre autres, occupé le poste Directeur Technique Général à Moutiers, à C.A. Maurienne (73) et accède avec ces équipes en Honneur et Jeunes, et corrobore le tout avec la mise en place du football des jeunes « passeports du mercredi ». Cran Grevier (74), US Annemasse (74), Boegue ; Aigublanche (73), U.S. Lafonnet (74).

Cerise sur le gâteau, en 1983, en troisième division, il est élu deuxième au classement des étoiles France football et meilleur numéro dix, titulaire dans l’équipe type de D. 3 par le même journal France Football. En outre, il a été 32 eme de finale de la Coupe de France de football contre Nantes, Saint Etienne et Reims. Je précise qu’à ce niveau, il a quitté son poste de prédilection de milieu défensif pour le poste de meneur de jeu comme savent seuls le faire les grands footballeurs. Sur le plan professionnel, Big est entraineur de football titulaire de la Licence B CAF en Afrique en 2012, et en 2013, il décroche la Licence A de l’UEFA en Europe et la Licence A CAF en Afrique. En 1978, il obtient le BEEF 2eme degré (brevet d’Educateur Sportif) Clairefontaine puis le DEF (Diplôme d’Entraineur de Football) Clairefontaine France. En 1977, il réussit au BEF 1 er degré (Brevet d’Educateur Sportif) Voiron France (38).

Initiateur à Seine et marne, de même que le Brevet de secourisme. Aussi, dans cette même année, il effectue le stage du Certificat de Formateur à Clairefontaine engendrant le rapport d’activités à Auxerre (Ligue 1 française) et Serviette de Genève (Ligue 1 suisse). De 2007 à 2014, Big est Directeur technique de l’Institut Diambars. Tour à tour, il devient Responsable de la formation avec comme mission principale la programmation et les actions techniques ; Entraineur de Diambars au niveau du championnat professionnel de la ligue 2 ; Entraineur des équipes de jeunes pour mettre le focus sur la performation et la formation.

Il devient champion du Sénégal de la ligue professionnelle 2 et 1. Et accède au tour préliminaire de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 2014. De 2013 à 2014, il est, au sein de la Direction Technique nationale, le responsable du football des jeunes et Grassroots. Formateur des formateurs en France et au Sénégal. En 2015 – 2016, il dispute la ligue des champions CAF à Nimba united au Libéria contre le Canon de Yaoundé.

Et last but not least, en 2020 – 2021, il se redonne rendez-vous avec la Coupe CAF. Toutefois, Cheikh Moussa KAMARA, comme je l’ai mentionné supra, après avoir décroché son baccalauréat de la série G1 au lycée technique Maurice Delafosse, c’est-à-dire, en technique administrative de gestion, il débute sa première année de droit à l’université de Dakar, puis part en France, poursuivre ses études dans la même filière à l’université Paris Sceaux XIII. Il réussit le DEUG en droit (Diplôme précèdent la licence). Admissible en Licence, il commence à travailler comme technicien qualité à Compq France.

Cependant, je ne saurais finir ce texte sans rafraichir la mémoire aux gens du football voire à nos compatriotes que nombre de nos internationaux qui nous ont rendus la gloire sont passés par ses mains, je parle de Kara MBODJ, Idrissa Gana GUEYE, Pathé CISS, Saliou CISS, Pape Ndiaye SOUARÉ, Pape Alioune NDIAYE et j’en passe. Voilà résumé le parcours de Cheikh Moussa KAMARA alias Big boy.

Ce fils de fonctionnaire des impôts et domaines du Sénégal, un des Leaders du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et Rédacteur du journal dudit parti, abreuvé aux sources de la solidarité et du partage, conformément à la doctrine de son patriarche, fondement du style de vie chez les CAMARA du quartier de Derklé. « Tout pour tout le monde. » Voilà une fierté du football sénégalais, une fierté du Diaraaf de Dakar, une fierté du quartier de Derklé, une fierté de la commune de Dieuppeul – Derklé, pour tout dire une fierté du football. Voilà le baobab du football, toujours debout.

Le baroudeur des méandres du stade, à l’itinéraire d’un demi-siècle dans l’échiquier du sport- roi, qui fait germer en moi le sous-titre de ce texte « Du terrain au banc de touche », que je me suis fait l’obligation de rédiger pour l’histoire, et par devoir du militant de football que je suis, en guise de témoignage, mais aussi d’hommage.

A l’heure de la nationalisation des encadrements techniques des équipes nationales en Afrique, des profils si rares de ce genre, ne devraient pas être sous utilisés, parce que l’air du temps est à la remise de l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut. Du genre Alioune CISSÉ au Sénégal, Hossam Hassane en Egypte, Emers Fayé en Côte d’Ivoire, etc. Et donc, sans fausse modestie, le Sénégal gagnerait à tendre la perche à cet illustre fils, qui a passé toute sa vie à tendre la perche, au propre comme au figuré. Vivement le football aux hommes du football ! Mes respects Big !

Mame Abdoulaye TOUNKARA Citoyen sénégalais


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2 réponses

  1. Diop dit :

    Que de beaux souvenirs!

  2. Le Petit Journal Africain dit :

    En effet de très beaux souvenirs

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